J'aime relire les livres
Et j'ai fini "nos séparations" pour la deuxième fois. Je suis tombée dessus dans le Relay de la gare de Lille il y a un an, lors de ma première rupture avec David, prénom de l'auteur qui parle du grand amour. Celui-ci s'appelle Alice, j'ai naturellement mis le grappin sur ce livre pour le dévorer.
J'avais besoin de le redécouvrir, entendre le personnage de Fritz me parler de son Alice. Il la trompe, il ne lui fait pas d'enfant, ils ne vieillissent pas ensemble, il ne sera jamais le gendre idéal, il ne verra pas mourir la belle-famille, il ne se mariera pas avec elle, mais il l'aime. Pour de vrai, de cet amour éternel. La première fois, j'ai pleuré en pensant à Pauline, à qui il penserait s'il lisait le livre. J'ai eu le sentiment de ne pas avoir ma place, Comble de l'ironie, il évoque (peu, mais quand même) une Charlotte, son ex dont il s'est séparé trois mois après notre premier baiser.
Ce soir, je ne pleure pas. Même s'il a accepté ce stage qui n'est pas à Lille, restant dans sa ville grise et lointaine. En venant me voir Jeudi, il m'a parlé d'une Caroline (tiens, elle n'est pas dans le livre celle-là) qui lui demandait de vivre avec elle une grande histoire. Il a (non) poliment refusé, répondant qu'il en sortait, d'une grande histoire ou, tout du moins, il a essayé de la rendre comme telle. Ai je bien compris? J'ai été touchée, il est un peu distant depuis, j'étouffe mes angoisses sous la couette en dormant, sous les mots savants en travaillant. Il a attendu que je déverse sur lui mon chagrin, il n'en est rien: j'écris un livre. Il a bien ri, mais j'écris vraiment un livre. Parce qu'à ma deuxième lecture, je constate que Fritz vieilli, qu'il a des regrets, que le temps passé n'a pas été mis à profit. Je sais que les années sont fatales aujourd'hui, il suffit de quelques semaines (trois) pour tuer un homme. David peut rire, moi, je vais écrire. Mettre mon temps "libre" à profit, un peu chaque jour.
J'espère ne pas paraître trop ridicule à me lancer dans un projet aussi fou. Mais serait il préférable de continuer à me lamenter? Je veux faire des choses de mes mains, de mes idées qui débordent, de ma vie qui n'en est, je l'espère, qu'à son début.
J'écris un roman jeunesse. J'espère que vous me comprendrez un peu mieux que lui, qui pensait que je voulais seulement l'esquiver ce soir.